LP03 : Caractère non galiléen du référentiel terrestre

L’objectif ce cette leçon est d’étudier l’application du principe fondamental de la dynamique à tous les référentiels, et d’en tirer des résultats comparables aux observations.

Nous aurons déjà vu que deux nouveaux termes s’ajoutent à l’accélération et servent à transposer l’expression d’un référentiel galiléen vers un référentiel non galiléen, tenant compte des effets inertiels.

Dans la leçon nous considèreront les référentiels :

Le vecteur \vb{\Omega} est le vecteur rotation de la Terre autour de Tz_\fref{T}.

L’accélération d’inertie d’entrainement d’un point A dans le laboratoire est :

{\vb{a_e}}_{A/\fref{L}} = \vb{a}_{O/\fref{T}}
                        + \dv{\vb{\Omega}}{t} \cross \va{OA}
                        + \vb{\Omega} \cross (\vb{\Omega} \cross \va{OA})\textrm{,}

et l’accélération d’inertie de Coriolis s’écrit :

{\vb{a_c}}_{A/\fref{L}} = 2 \vb{\Omega} \cross \vb{v}_{A/\fref{L}}\textrm{,}

avec des notations usuelles.

Effets de l’accélération d’entraînement

Poids, champ de pesanteur, verticale

Qu’est-ce que, expérimentalement, le poids ? Une réponse possible est la suivante : le poids d’un corps est expérimentalement la force qu’il faut compenser pour garder ce corps immobile dans le référentiel géocentrique.

Prenons l’exemple d’une masse m immobile dans \fref{L}. La terre y exerce une force via son champ gravitationnel \vb{\fref{G}}, et son support y applique une force \vb{F_r}, de sorte que le principe fondamental de la dynamique dans \fref{L} s’écrive :

m\qty(\vb{a_e} + \vb{a_c} + \vb{0}) = \vb{F_r} + m\vb{\fref{G}}(R_T)\textrm{,}

avec :

\begin{align*}
    \vb{a_e}
    = - \Omega^2 R_T \cos(\lambda)
        \qty(\cos(\theta)\vu{x_\fref{T}} + \sin(\theta)\vu{y_\fref{T}})
    &= - \Omega^2 R_T
        \qty(\vu{z} - \sin(\lambda)\vu{z_\fref{T}})\\
    &= - \Omega^2 R_T
        \qty(\cos[2](\lambda)\vu{z} - \cos(\lambda)\sin(\lambda)\vu{y})
\end{align*}

ainsi que :

\vb{a_c} = \vb{0}\textrm{,}

d’où :

\vb{F_r}
        = m\qty
            (\qty(- \Omega^2 R_T \cos[2](\lambda) + \frac{G M_T}{R_T^2})\vu{z}
            - \Omega^2 R_T \cos(\lambda)\sin(\lambda)\vu{y})
        = - \vb{P}
        = - m \vb{g}\textrm{,}

définissant ainsi le poids \vb{P} et le champ de pesanteur \vb{g}.

Alors la verticale étant définie comme la normale au sol (vecteur \vu{z}) on constate que le champ de pesanteur \vb{g} n’y est pas nécessairement parallèle. L’angle \alpha entre les deux varie selon la latitude :

\alpha
        = \left\{\begin{array}{ll}
            \ang{0;0;0} & \mbox{à l'équateur ($\lambda = \SI{0}{\degree}$)}\\
            \ang{0;5;55} & \mbox{à Paris ($\lambda = \SI{48}{\degree}$)}\\
            \ang{0;0;0} & \mbox{aux pôles ($\lambda = \SI{90}{\degree}$)}\\
        \end{array}\right.\textrm{.}

Notons qu’à l’équateur les deux directions sont confondues et :

\frac{\flatfrac{G M_T}{R_T^2}}{\Omega^2 R_T} = 290 = 17^2\textrm{,}

autrement dit, si la Terre tournait sur elle-même 17 fois plus rapidement (\Omega \rightarrow 17 \Omega), le champ de pesanteur serait nul à l’équateur.

Effet de l’accélération de Coriolis

Pendule de Foucault (1851) [1]

Citer la feuille volante du correcteur.

Montrer le pendule que l’on aura lancé en début de leçon.

Montrer le script \software{./python/pendule\_de\_foucault.py} qui simule le pendule du Panthéon que l’on aura lancé en début de leçon.

Décrire rapidement l’expérience au Pôle-Nord puis avec les mains à une autre latitude.

On considère maintenant un pendule de période \tau qui oscille sur l’axe Sud-Nord local, de masse m au point A, de sommet S, et de sorte que A coïncide avec O au repos, le principe fondamental de la dynamique s’écrit dans le référentiel du laboratoire :

m\qty(\vb{a_c} + \vb{a}_{A/\fref{L}}) = f_t\va{AS} + m\vb{g}\textrm{,}
\vb{a_c} = 2 \vb{\Omega} \cross \vb{v}_{A/\fref{L}}\textrm{.}

On s’intéresse ici au mouvement dans le plan horizontal, décrit quand \vb{a_c} n’est pas présent par :

\left\{\begin{array}{ll}
            x(t) &= 0\\
            y(t) &= - Y \cos(\omega t)
        \end{array}\right.\textrm{,}

d’où \dt{y} = - Y \omega \sin(\omega t) (avec y(0) = -Y). Alors pour le premier aller (t \leq \frac{\tau}{2}) :

\vb{a_c}
        = 2 \vb{\Omega} \cross \vb{v}_{A/\fref{L}}
        = + 2 \Omega \sin(\lambda) \dt{y} \vu{x}\textrm{,}

qui est la seule contribution d’accélération selon \vu{x}. Donc :

\begin{align*}
    \norm{\vb{a_c}}
    = \dv{\dt{x}}{t}
    \implies
    \dt{x}
    &= - 2 \Omega \sin(\lambda) Y \cos(\omega t) + \cst\\
    &= 2 \Omega \sin(\lambda) Y (1 - \cos(\omega t))
\end{align*}

en prenant \dt{x}(0) = 0 pour l’intégration. Enfin, toujours pour t \leq \frac{\tau}{2},

x(t) = 2 \Omega \sin(\lambda) Y (t - \frac{\sin(\omega t)}{\omega})\textrm{.}

Au bout du premier aller, calculons :

x\qty(\flatfrac{\tau}{2}) = 2 \Omega Y \sin(\lambda) \frac{\tau}{2} = \delta_0\textrm{.}

La circonférence du cercle qui joint les différents points de rebroussement (dans l’hypothèse d’un pendule sans amortissement) est C = 2 \pi Y. On exprime alors :

\delta_0 = \frac{\Omega}{2\pi} C \tau \sin(\lambda)
           = \frac{\tau}{\tau_{\mathrm{Terre}}} C \sin(\lambda)\textrm{.}

L’application numérique pour le pendule de Foucault au panthéon (pendule haut de \SI{67}{\meter}, \lambda = \SI{48}{\degree} et Y = \SI{15}{\meter}) donne : \tau = \SI{16}{\second} puis \delta_0 = \SI{1.2}{\centi\meter}. Le phénomène était donc facilement observable sur ce pendule. Notons que le pendule fait un tour complet après n = \flatfrac{C}{\delta_0} \approx 7600 demi-oscillations en n \tau = \frac{\tau_{\mathrm{Terre}}}{\sin(\lambda)} = \SI{1.4}{\day} (résultat qui est indépendant des paramètres du pendule !).

Déviation vers l’est (1903) [1]

Lors de la chute d’une bille B sur Terre depuis une altitude h, étudiée dans le référentiel \fref{L}, le principe fondamental de la dynamique s’écrit :

m\qty(2 \vb{\Omega} \cross \vb{v}_{B/\fref{L}} + \vb{a}_{B/\fref{L}}) = m\vb{g}\textrm{,}

en prenant \vb{v}_{B/\fref{L}} = t\vb{g} et \vb{g} = g\vu{z} il vient :

\vb{a}_{B/\fref{L}} = g\vu{z} - 2 \vb{\Omega} \cross \qty(tg\vu{z})
                      = g \qty(\vu{z} - 2 \Omega t \cos(\lambda) \vu{x})\textrm{.}

Le calcul indique que la bille va avoir un mouvement dirigé suivant \vu{x} (l’Est). L’intégration de \vb{a}_{B/\fref{L}} \dotproduct \vu{x} donne :

x(t) = \frac{g t^3 \Omega \cos(\lambda)}{3}\textrm{,}

puis en introduisant l’altitude de départ h calculée pour une chute qui a duré \Delta{t}, h=\flatfrac{1}{2}g\Delta{t}^2 :

x_h = \qty(\frac{8 h^3}{9g})^{1/2} \Omega \cos(\lambda)\textrm{,}
on peut calculer la distance horizontale parcourue par la bille pendant sa chute.

Flammarion est le premier à avoir réussi l’expérience, depuis la coupole du Panthéon (h = \SI{68}{\meter}) il a mesuré x = \SI{7.6}{\milli\meter} pour une valeur attendue de x=\SI{8.1}{\milli\meter}.

Quelque autres phénomènes

Marées océaniques [1]

Dire qu’on pourrait en parler, mais ne pas traiter cette partie.

Dans cette leçon, nous considérons le référentiel \fref{T} géocentrique comme Galiléen, mais bien sûr, il ne l’est pas vraiment.

Trouver quoi dire de plus sur cette ouverture dangereuse.