LP19 : Bilans thermiques : flux conductif, convectif et radiatif
Niveau : Cette leçon se situe à la limite extérieure du programme de seconde année de CPGE, puisque les phénomènes d’échange radiatifs vont être étudiés et pris en compte.
Prérequis :
- Conduction, convection, rayonnement
- Loi de Fourier
- Équation de la diffusion thermique
L’objet de cette leçon est d’étudier les phénomènes de transferts thermiques en proposant une unification de la modélisation, qui permettra de résoudre un problème qui peut sembler complexe à première vue : on étudiera les économies en énergie réalisables grâce à l’installation d’un double vitrage en tenant compte des trois modes d’échanges.
L’application est au cœur de la leçon !
Reprendre cette leçon en axant la discussion sur une optique d’économie d’énergie, on peut commencer en parlant du double vitrage. Bien penser à discuter les expressions des résistances : comment bien isoler ?
Ajouter des ordres de grandeur et penser à discuter des unités : du flux, des coefficients, des constantes, etc.
Avoir en tête des ordres de grandeur pour les conductivités des gaz, des liquides, des solides.
Connaître la constante de Stefan-Boltzmann.
Savoir d’où vient le coefficient de convection
: lié
à la conduction dans la couche limite, dépend de
du
fluide (mais pas de la paroi). En ordre de grandeur
.
Notion de résistance thermique : étude de la conduction
Vecteur densité de courant thermique
L’équation de la diffusion thermique à une dimension
se retrouve à partir d’un bilan d’énergie thermique sur une portion
infinitésimale d’un corps homogène de section droite
dans
lequel il n’y a aucune source d’énergie, la température ne dépend que de
et de
et
duquel les parois parallèles à l’axe
sont
isolées thermiquement. Le vecteur densité de courant thermique
associé est lié à la température par la loi de Fourier :
Si l’on se place en régime stationnaire, les températures en
et
étant
fixĂ©es Ă
et
, on
obtient rapidement :
On peut alors exprimer le flux thermique au travers de la section
:
Résistance thermique
En avançant une analogie avec l’électrocinétique, dans laquelle la différence de température jour un rôle de différence de potentiel et le flux thermique un rôle de courant, on peut définir une résistance thermique :
L’expression de cette résistance suit complètement l’analogie puisque
pour un corps de conductivité électrique
, de
longueur
et de
section
,
traversé par un courant électrique
dans
l’axe de la longueur, la résistance électrique s’exprime
.
Association de résistances
Rappels d’électrocinétique
En électrocinétique on associe des résistances en série par sommation directe :
et des résistances en parallèle par sommation des inverses :
Revenons sur les définitions de série et parallèle. On dit que deux branches d’un circuit sont en série lorsqu’elles sont traversées par le même courant. On dit que deux branches d’un circuit sont en parallèle lorsqu’elles sont soumises à la même différence de potentiels.
En thermodynamique : série
On associe deux corps de conductivité thermique
et
; le
premier remplit l’espace entre
et
et le
second l’espace entre
et
. En
régime permanent on note
,
,
les
températures en
,
,
.
Ces deux corps sont traversés par le même flux thermique
, avec
:
On va donc pouvoir exprimer une résistance équivalente de l’ensemble par la relation :
En thermodynamique : parallèle
On associe maintenant les deux corps de sorte que les deux soient
exposés à la même différence de température et traversés par des flux
thermiques qui sont différents. Le premier corps de section droite
remplit une partie de l’espace entre
et
et
l’autre, de section droite
une
partie de l’espace entre
et
. La
température en
est
notée
, et la
température en
égale
à la température en
est
notée
. Le
flux total au travers de l’association est maintenant
avec :
d’où :
soit :
On va donc pouvoir exprimer une résistance équivalent de l’ensemble par la relation :
Convection et rayonnement
Comme annoncé en introduction, l’objectif de cette leçon est d’étudier les trois phénomènes de transferts thermiques en proposant une unification de la modélisation. C’est à travers cette notion de résistance thermique que nous allons simplifier les descriptions.
Les phénomènes de convection et de rayonnement permettent aussi de
définir une forme de résistance thermique. Un corps qui échange avec son
environnement de l’énergie à travers sa surface par convection et par
rayonnement voit ses surfaces soumises à une différence de température
traversées par un flux d’échange convectif
et un
flux d’échange radiatif
. Si
l’on arrive à introduire pour ces modes de transferts des grandeurs
analogues à la résistance, alors on pourra dire que les échanges d’un
corps avec son environnement se font avec une résistance thermique
équivalente à l’association en parallèle des deux résistances.
Convection
La loi phĂ©nomĂ©nologique de Newton (dont l’expression n’est pas Ă
connaître en CPGE) décrit les échanges thermiques pour les interfaces
solide-fluide. Si l’on considère une surface
Ă la
température
en
contact avec de l’air à la température
, le
vecteur densité de courant thermique sortant algébriquement de la
surface lié à la convection va s’écrire :
oĂą est le
coefficient de convection qui dépend des milieux en contact.
Ici, on peut définir une résistance thermique :
Rayonnement
La loi de Stefan donne l’énergie rayonnée par unité de surface par
unité de temps pour un corps noir à la température
:
en fonction de la constante universelle de Stefan-Boltzmann :
On rappelle que le corps noir est un modèle théorique qui décrit de manière approximative le spectre continu d’émission de corps réels.
À la surface d’un corps de température
en
contact avec un environnement de température
, la
densité de courant thermique sortant algébriquement de la surface de
contact va donc s’écrire :
On pourra, pour un corps de surace
,
définir le flux thermique par rayonnement :
L’absence de dépendance en
empêche de définir une résistance thermique par les mêmes considérations
que précédemment. Mais pour des écarts de températures très faibles
(
) un
développement limité permettra d’écrire :
On peut maintenant exprimer :
Le double vitrage [1]
On se propose d’estimer les pertes thermiques d’un local maintenu Ă
la température dans
une atmosphère de température
. On
suppose que la paroi qui sépare l’intérieur de l’extérieur est
constituée d’un mur en béton et d’une vitre, d’abord en simple vitrage
puis en double vitrage.
On considèrera que la paroi en contact avec l’extérieur échange de l’énergie thermique par convection avec l’air et par rayonnement avec l’atmosphère ; et que la paroi en contact avec l’intérieur échange de l’énergie thermique par convection avec l’air et par rayonnement avec l’intérieur du local.
Dans le cas du double vitrage on pourra négliger les phénomènes de convection pour l’air emprisonné entre les vitres, car l’épaisseur de la couche d’air est réduite à une épaisseur inférieure à celle de la couche limite d’adhérence de l’air sur le verre.
Cette leçon se concentre sur des échanges thermiques entre milieux unidimensionnels et thermostatés, mais l’on pourrait (dans le cadre du programme de PSI) d’une part généraliser les problèmes à trois dimensions et d’autre part s’intéresser à des bilans d’énergie thermique dans des situations où :
- les conditions aux limites sont périodiques (ondes thermiques)
- il y a des sources d’énergie thermique (effet Joule)
En sortant à nouveau du programme de PSI, on pourrait établir une
expression pour le coefficient de convection
[2], ou justifier l’origine de
la loi de Stefan.