LP30 : Rayonnement dipolaire électrique
Niveau : L2
Prérequis :
- Électromagnétisme
(
,
,
,
)
- Vecteur de Poynting
- Dipôle électrostatique
- Électron élastiquement lié
Dans les leçons précédentes, nous avons étudié l’interaction entre la lumière et les milieux : dans une description mésoscopique, nous expliquions comment le champ électromagnétique se voyait modifié en présence de matière. Notre description mettait en jeu des charges dites liées ou libres, qui par leur mouvement, étaient la source d’une réponse aux ondes de la part du matériau. L’un des phénomènes passés sous silence, est le suivant : une charge en mouvement génère autour d’elle un champ électrique et un champ magnétique, elle doit rayonner.
Dans cette leçon, nous n’étudions pas l’absorption et la dispersion des ondes dans les milieux, mais le rayonnement émis par un milieu soumis à une excitation électromagnétique. Nous travaillerons sur un modèle simple : le dipôle électrique oscillant.
Champs
et
d’un
dipôle électrique oscillant [1] [2]
Modèle et approximation dipolaire
On considère deux charges
et
situées en
et
(avec
). Ces
charges constituent un dipôle de moment dipolaire
.
On se place dans un système de coordonnées sphérique usuel de sorte
que l’axe porté par
soit
aligné sur
. D’où
:
.
On étudie la situation en un point
de
l’espace décrit par le rayon vecteur
. On
définit le vecteur :
et l’angle :
Dans le cadre de l’approximation dipolaire nous allons
considérer , ce
qui revient à observer le dipôle depuis une très grande distance. Nous
avons, par géométrie :
Alors,
Potentiels
Potentiel vecteur
))
Le potentiel vecteur retardé, définit pour une distribution de courants par :
décrit le potentiel effectivement ressenti au point
à
l’instant
, alors
qu’il a été créé auparavent par l’ensembles des points de l’espace. Dans
le cadre de l’approximation dipolaire, nous aurons :
Plus précisément dans notre situation, comme nous avons seulement
deux charges ponctuelles
()
parmis lesquelles une seule
(
) est
animée d’une vitesse
,
l’intégrale vaut
. Nous
aurons finalement :
Potentiel scalaire
))
La jauge de Lorentz :
permet de calculer aisément le potentiel scalaire
en
effet :
d’où :
Dans la situation stationnaire,
, on
retrouve les potentiels électrique et magnétique du dipôle électrique :
Sur l’invariance de jauge
Les équations de Maxwell :
Permettent de définir
et
:
de manière non univoque puisque :
Le choix de est un
choix de jauge ; et comme :
le choix de peut
être fait indirectement en faisant un choix de
:
choisir
c’est
choisir une jauge.
On peut écrire d’une part :
et d’autre part :
On remarque que, si l’on avait
telle
que :
équation symétriques. On choisir donc la jauge, dite de Lorentz :
et sous cette les équations symétriques sur
et
précédentes sont vérifiées et conforme à la physique, au même titre que
celles sur
et
.
Ces équations s’écrivent indiférement des quantités physiques :
où est un
terme « de source »… la suite dans [2] (chap. 21.2).
Champs
Champ magnétique
))
Vu la symétrie cylindrique du problème, nous proposons un système de
coordonnées et
nous prévoyons que le champ magnétique sera orienté selon
. Les
coordonnées cylindriques et les coordonnées sphériques sont liées en
particulier par :
Connaissant , nous
pouvons écrire :
et on en tire,
Champ électrique
))
Vu la symétrie cylindrique autour de
, nous
prévoyons que le champ électrique n’aura pas de composante selon
. Avec
nous
pouvons calculer :
puis,
Remarquons que (M, t)
et
(M, t)
sont orthogonaux.
Régime harmonique
Lorsque , le
passage en représentation complexe des grandeurs périodiques va
permettre d’écrire :
ce qui donnera :
Rayonnement à grande distance
Si l’on se place assez près du dipôle, de sorte que la durée de propagation soit petite devant la période de l’onde émise :
mais en vérifiant toujours l’approximation dipolaire donc :
Champs à grande distance
À grande distance,
, les
termes dominants sont ceux en
. Nous
aurons,
ce qui s’écrit vectoriellement :
On on rapelle :
. Le
signe
n’est
qu’un terme de phase vis-à-vis de la polarisation
.
Concernant les amplitudes :
.
Les vecteur champ électrique et champ magnétique sont en phase, ils
forment un trièdre direct avec le vecteur
, et
leur amplitude décroit en
à
grande distance du dipôle : localement, nous avons une structure d’onde
plane puisque le champ est presque uniforme. Le plan d’onde associé est
tangeant à la sphère de rayon
et
centrée en
.
On peut tracer l’amplitude de l’un des champs en coordonnées polaires,
Le faire !
Puissance rayonnée
Vecteur de Poynting
On définit le vecteur de Poynting :
homogène à des
, qui
indique la direction et le flux d’énergie portée par l’onde
électromagnétique. Les détecteurs sont généralement sensibles à sa
moyenne temporelle
:
L’énergie est ainsi véhiculée selon l’axe radial
, et
son flux décroit en
. Ce
dernier est, en particulier, proportionel à
, donc
nul le long de l’axe
du
dipôle. On peut maintenant tracer un diagramme de rayonnement,
regroupant ces informations sur un graphe :
Le faire !
Puissance totale rayonnée
La totalité de la puissance rayonnée traverse chaque surface
sphérique de rayon
centrée en
, notée
. On
calculera donc
la
puissance moyenne :
Le résultat ne dépend, bien sûr, pas de
.
Rayonnement dipolaire d’un électron atomique
Description classique de l’atome
Le modèle choisi du dipôle électrique n’est pas anodin en effet, les
atomes constitués de noyaux et d’électrons (plus légers,
) vont
avoir un comportement proche de celui des dipôles. Dans le modèle de
l’électron élastiquement lié, on définit une force de rappel liée à
l’interaction coulombienne entre le noyau et l’électron considéré, on
montre que l’électron oscille autour d’une position d’équilibre à une
pulsation
.
Dans ce modèle, nous sommes donc contraint de considérer le rayonnement émis par l’électron. La puissance moyenne rayonnée est :
avec la
charge de l’électron et
l’élongation de l’oscillateur. On remarquera que pour l’oscillateur
harmonique, l’accélération moyenne s’écrit
donc
d’où
. Ce
résultat se généralise au mouvement quelconques de charges accélérées,
établi par Larmor en 1897, il explique le rayonnement émis par les
particules dans les synchrotrons.
L’énergie émise résulte d’une transformation de l’énergie mécanique :
qui diminue selon :
Le phénomène d’amortissement mécanique est souvent modélisé par une
force de frottement fluide
(), dont
les conséquences sur le mouvement seraient identiques. On ne peut
toutefois pas conclure sur l’émission de l’atome sans valeur de
.
Diffusion du rayonnement par un atome
On considère encore un électron élastiquement lié et amorti dont l’équation du mouvement en régime libre s’écrit :
lorsque l’électron est soumis à un champ électrique
de
pulsation
et
d’amplitude
,
l’équation devient :
on reconnait l’oscillateur harmonique amorti en régime forcé pour lequel le mouvement est décrit par :
On comprend là que nous pourrons déterminer par une expérience de
résonance, les valeurs de
,
, et
donc
. En
effet, la puissance moyenne rayonnée par ce dipôle s’écrit :
\pyimgen{diffusion-dipole}
On distingue trois domaines :
où
, domaine de la diffusion de Rayleigh,
où
, domaine de la diffusion de Compton,
- et le domaine intermédiaire, de diffusion résonante.
Les pulsations de lumière visible dans l’atmosphère se situent dans
le domaine de diffusion de Rayleigh
( [1]), les couleurs
de courte longueurs d’onde sont donc moins diffusées
que celles de longue longueur d’onde.