LP33 : Interférences à deux ondes en optique
Niveau : L2
Prérequis :
- Optique géométrique
- Diffraction (lycée)
- Interférences (lycée)
- Ondes électromagnétiques
L’optique géométrique est un très bon outil pour étudier la propagation de rayons lumineux, elle permet d’expliquer les phénomènes observés lorsque la lumière traverse des dioptres et la formation d’images. Cependant, elle ne permet pas d’expliquer tous les phénomènes.
En classe de terminale on découvre les phénomènes d’interférences : l’addition de deux ondes lumineuses ne donne pas nécessairement plus de luminosité ; on apprend que pour pouvoir observer des interférences les sources doivent avoir même longueur d’onde.
Montrer la superposition de lumière avec de la lumière blanche restreinte à une fente et filtrée :
- pour deux lampes et des filtres différents,
- pour deux lampes et les mêmes filtres,
- pour des fentes de Young.
Cette expérience annonce les connaissances de terminale incomplètes. Dans cette leçon, nous utiliserons l’électromagnétisme comme modèle ondulatoire de la lumière pour mieux comprendre pourquoi ce que l’on apprend au lycée est vrai, et pourquoi ça n’est pas suffisant.
Il sera nécessaire d’avoir en tête des dispositifs à division du front d’onde et à division d’amplitude moins scolaires que les fentes de Young ou l’interféromètre de Michelson et le Fabry-Perrot.
Quelque mots sur les détecteurs en optique
Avant toute chose, nous devons savoir ce que l’on mesure réellement lors d’expériences en optique : ce que l’on perçoit, l’intensité lumineuse, comment est-elle liée aux quantités de l’électromagnétisme ?
Les photorécepteurs mesurent une quantité d’énergie, or l’énergie
transportée par les ondes électromagnétique est liée au vecteur de
Poynting. Pour des ondes monochromatiques, la norme de ce vecteur est
proportionnelle à la norme du champ électrique au carré :
.
Les ondes lumineuses oscillent à des fréquences de l’ordre de
, donc
des périodes de l’ordre de
. Les
capteurs eux, ont des temps de réponses bien plus longs que la période
des phénomènes qu’ils mesurent :
Il résulte de tout cela, que la quantité
mesurée par le capteur en
à
sera
proportionnelle à l’énergie reçue pendant un certain temps dit temps
d’intégration. On écrira :
Pour les temps de réponses indiqués, l’intégrale se rapproche de la valeur moyenne de sorte que l’on écrira :
On pourra se préparer à dire des choses sur l’expérience de Winer.
Superposition de deux ondes monochromatiques émises par des sources ponctuelles
Terme d’interférences
On considère deux sources ponctuelles
et
qui
émettent des ondes lumineuses monochromatiques de pulsations
et
,
(nombres d’ondes
et
). Nous
observons ces sources au point
, dans
une région de l’espace où nous pouvons considérer les ondes reçues comme
planes. On peut alors donner une expression pour le champ électrique et
l’intensité lumineuse mesurée en
, en
discriminant les sources :
Par addition, on obtient le champ électrique résultant :
La quantité mesurée ou perçue est :
On constate que l’intensité lumineuse en
n’est
pas égale à la somme des intensités individuelles de chaque source ; le
terme supplémentaire est celui qui donne naissance aux interférences.
Selon les propriétés des ondes émises par chaque source, il sera plus ou
moins important.
Conditions d’interférences
Polarisation
Si les source émettent des ondes électromagnétiques de sorte que
alors,
le produit scalaire est nul, le terme d’interférences disparait.
Dans la suite, nous ne considèrerons que des sources de même polarisation.
Pulsation
Sources de pulsations différentes
Sources de pulsations différentes
, alors
la valeur moyenne du produit de cosinus va être nulle :
Dans cette situation, on remarque que l’on a additionné les valeurs qui auraient été mesurées individuellement pour chaque source. C’est bien que l’on a observé dans l’expérience d’introduction.
Sources de mêmes pulsations
Sources de mêmes pulsations
,
(
) :
Ici le terme d’interférence n’est pas nul, on voit qu’il dépend du
retard existant entre la phase des ondes quand elles arrivent en
, ce
déphasage est lié à la différence de marche
:
C’est ce terme qui donne lieu aux interférences. Jusque-là, les connaissances du lycée sont bien valides, mais rappelons que, dans l’expérience d’introduction, nous n’observions pas toujours les interférences.
Dans la suite, nous n’étudierons que des sources de mêmes pulsations.
Retour sur l’expérience
Ajouter des polariseurs.
Concernant notre expérience, on pourrait penser que nos sources n’avaient pas la même polarisation mais, l’ajout de polariseurs ne change pas le résultat. Il y a donc quelque chose d’autre…
Cohérence temporelle
Regardons à nouveau le terme d’interférences :
quand nous n’observons pas d’interférences, c’est que ce terme est
nul. En un point de
l’écran,
est
constant ; mais que peut-on dire de
? Il
s’agit du déphasage entre les ondes au moment de leur émission par leur
source.
L’émission de lumière est un processus discret et aléatoire :
- dans le modèle corpusculaire, la désexcitation d’un atome entraîne l’émission d’un photon,
- dans le modèle ondulatoire, la désexcitation d’un atome entraîne
l’émission d’un
: il s’agit d’un signal sinusoïdal de fréquence
, mais restreint dans le temps.
Dans le cas de plusieurs sources primaires
Dans le cas de plusieurs sources primaires, le déphasage entre deux sources indépendantes est aléatoire à chaque instant, on parle de sources non cohérentes. L’argument du cosinus dans le terme d’interférences prend donc des valeurs aléatoires à chaque instant : la valeur moyenne du cosinus est donc nulle.
Cela explique notre expérience. Dans le cas des deux sources indépendantes, on ne peut pas observer d’interférences. Alors que dans le cas des fentes de Young, l’onde qui arrive à chaque moment sur les deux fentes est issue du même train d’onde d’émission, les ondes émises par ces sources secondaires sont donc cohérentes.
Dans le cas d’une seule source primaire
Considérons deux trains d’ondes qui arrivent en
à un
instant donné, suivant deux chemins optiques différents.
- Si l’extension spatiale de ces trains d’ondes est supérieure à la
différence de marche, alors ces trains d’ondes ont été émis au même
moment par la source avec la même phase
. On observe donc des interférences.
- Au contraire, si l’extension spatiale de ces trains d’ondes est
inférieure à la différence de marche, alors c’est que ces trains d’ondes
ont été émis à des instants différents par la source : ils ont alors
chacun une phase
aléatoire. Pour ces deux trains d’ondes particuliers le déphasage
prend une valeur bien spécifique (mais aléatoire), qui donne lieu à des interférences. En conséquence, pour l’ensemble des paires de trains d’ondes reçues pendant la période d’intégration du capteur, le très grand nombre de
aléatoires va donner lieu à un brouillage des interférences.
Faire une animation des trains d’ondes.
La discussion sur le cas de plusieurs sources primaires à elle sa place ici ?
Les interférences lumineuses ne sont donc pas exactement faciles à obtenir. Pour les faire apparaître et les exploiter, nous avons besoin de solutions techniques particulières que l’on appelle interféromètres. Nous allons étudier un peu plus en détails les fentes de Young et la figure d’interférences qu’elles permettent d’obtenir.
Un interféromètre : les fentes de Young
Il s’agit donc d’une solution technique qui permet d’aisément faire apparaître une figure d’interférences. Le système nous place dans des conditions « idéales » où :
les sources secondaires sont cohérentes et ont la même intensité.
Figure d’interférence
Allure
La valeur de se
trouve facilement sur le schéma suivant :
Faire le schéma.
La trigonométrie donne :
Tracer l’allure.
Interfrange
On appelle interfrange l’espace qui sépare deux maximas (ou minimas)
d’intensité lumineuse. Les maximas sont obtenus pour les différences de
marche particulières
:
La différence
donne
l’interfrange
.
Contraste
Le contraste (ou la visibilité) est une grandeur sans dimension qui donne une indication sur la différence d’intensité lumineuse ente les maximas et les minimas. On définit :
Pour les fentes de Young le contraste vaut
. En
retournant momentanément au cas le plus général de deux sources
monochromatique indépendantes, le contraste s’exprime :
\pyimgen{fentes_de_young_contraste}
Une nouvelle mise en défaut : cohérence spatiale
Faire le calcul pour une fente réelle qui éclaire les fentes de Young. Parler de brouillage.
Dans cette leçon, nous avons complété les connaissances aquises au lycée concernant les conditions d’obtentions de figures d’interférences.
La dernière section mettait en évidence le problème de cohérence spatiale associé aux sources étendues. L’utilisation des fentes de Young restreint l’expérimentateur à des sources fines et par conséquent peu lumineuses, il résulte bien sûr que la figure d’interférence, même si elle présente un bon contrase, sera peu brillante.
Dans la prochaine leçon nous étudierons de manière plus formelle la cohérence spatiale pour chercher à réaliser un interféromètre qui permet l’utilisation de sources étendues.