LP42 : Fusion, fission
Niveau : L3
Prérequis :
- Atomistique
- Classification périodique
- Machines thermiques
Le graphe sur lequel on représente l’abondance des éléments chimique dans l’univers en fonction de leur numéro atomique, présente quelques particularités.
Dans cette leçon, nous allons discuter des noyaux atomiques, nous proposerons un modèle semi-empirique pour les décrire et expliquer la tendance du graphe.
Nous parlerons de radioactivité, découverte par Henri Becquerel en 1896.
Le noyau atomique [1]
Densité et interactions internes
Rutherford a montré en 1932 que les atomes d’or étaient majoritairement vides, composés d’électrons qui circulent autour d’un noyau dont il put estimer la taille. Connaissant la taille du noyau et sa masse, on peut en calculer la densité :
On constate que la densité nucléaire est bien supérieure à celle de
la matière. On sait par ailleurs que les noyaux sont composés de
protons, de charge . La
force de Coulomb s’y exerce et doit être compensée par une autre pour
assurer la stabilité des noyaux : c’est l’interaction forte qui joue ce
rôle, en exerçant des forces attractives entre les nucléons.
On constate d’ailleurs, expérimentalement, une corrélation entre le nombre de protons et le nombre de neutrons.
Demie-vie des nucléides observés (age de l’univers
) : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/80/Isotopes_and_half-life.svg/2000px-Isotopes_and_half-life.svg.png
Simulation d’une population de particules dont la demie-vie est de
: https://meaningof42.github.io/radioactive/main.html
Composition et masse
Dans la suite de la leçon, on jongle entre les unités en suivant
l’équivalence : .
Certains ouvragent changent de système d’unité et posent
de
sorte à pouvoir écrire que
, ce
qu’on évitera ici. On utilisera en revanche l’unité d’énergie
.
Une dernière chose à découvrir concernant les noyaux :
La somme de la masse des particules qui composent un noyau n’est pas égale à la masse du noyau. Il existe ce que l’on va appeler un défaut de masse (ou excès, selon ce que l’on regarde) :
Les nucléons qui composent un noyau stable sont liés entre eux par
des interactions attractives d’énergie
.
Lorsque l’on veut dissocier un noyau stable en nucléons isolés, on doit
apporter l’énergie
. Par
la relation d’Einstein
, on
mesure dans le système de nucléons isolés, un excès de masse
.
Pour caractériser la stabilité des nucléons dans un noyau, il est
plus pertinent de discuter de l’énergie de liaisons par
nucléons, puisque pour deux noyaux de nombre de masses
et
de
même énergie de liaison
,
l’énergie de liaison par nucléons
nous
renseignera sur l’énergie moyenne de chaque nucléon au sein du
noyau.
En revenant sur les exemples précédents, on pourra dire que le noyau de fer est plus lié que le noyau d’or qui est plus lié que le noyau de deutérium.
Énergie de liaison par nucléons pour les isotopes les plus courants : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/29/Binding_energy_curve_-common_isotopes_FR.svg/690px-Binding_energy_curve-_common_isotopes_FR.svg.png
Rapidement, calculons la masse portée par l’énergie de liaison de
l’électron dans l’atome d’hydrogène :
, donc
. Elle
est négligeable.
Modèle de la goutte liquide
La valeur de l’énergie de liaison est prévisible par un modèle semi-empirique, dit de la goutte liquide, car nous allons modéliser le noyau comme un volume (une goutte) rempli de particules (les nucléons) parmi lesquelles celles en surface apportent une énergie négative.
La formule de Bethe-Weizsäcker (1936) s’énonce :
Les quatre termes d’énergie sont :
- l’énergie due à l’interaction forte
(
pour volume)
- l’énergie électrostatique
(
pour Coulomb)
- l’énergie de surface
- l’énergie d’anti-symétrie (lié au principe d’exclusion de Pauli)
Une biblio qui explique le terme d’anti-symétrie ?
La densité nucléaire discutée plus haut et donnée pour l’atome d’or
() est
en fait constante pour tous les noyaux, on pourra écrire :
Expérimentalement,
. On a
:
avec les valeurs numériques tabulées pour les coefficients :
Stabilité
Le modèle permet alors de prévoir l’isotope le plus stable d’un
élément de la classification périodique. Une recherche des valeurs qui
vérifient
donnera l’équation de la vallée de stabilité présentée
précédemment.
Sous cette compréhension de l’énergie de liaison, la courbe
présente le fer
comme
extrémum le plus stable.
Les systèmes physiques gouvernés par des énergies potentielles
évoluent de sorte à minimiser ces dernières, on comprend que certains
processus analogues à des réactions chimiques peuvent être
thermodynamiquement favorables, lorsque l’énergie
augmente.
Fission
Fission spontanée
Nous étudions le processus :
on constate que le nombre de masses et le nombre de charges est bien conservé.